vendredi 12 juin 2020

Déconfinement, mara'amu et 10 ans de Lenny


Ca y'est, c'est le grand jour. Plus de 2 mois que nous l'attendons, ça fait presque bizarre de se dire que c'est aujourd'hui. Nous quittons enfin l'atoll de Raroia en direction de..... de où déjà ??? On ne sait même plus où on allait depuis tout ce temps. Ah oui Kauehi !!! Les voiles sont réglées, le vent ne dépasse pas 14 knts, j'appuie sur "pilot auto" le temps de mettre les lignes à l'eau et c'est parti pour 155 milles. Ci dessous une petite carte des Tuamotu pour vous situer.


Nous arrivons tôt le matin et traversons la passe de Kauehi à la voile. A l'intérieur, nos amis Pascal et Martine de "Steel Band" nous attendent pour nous guider. En effet il est impossible et déconseiller de naviguer à l'intérieur des atolls face au soleil, mais nous les suivons à la trace car eux, ont passés leur confinement ici et ont leurs tracés enregistrés.
 


A peine ancrés, nous téléchargeons un nouveau grib météo et voyons qu'un mara'amu est prévu pour le lendemain en milieu de journée et pendant une semaine. Heureusement cet atoll offre une très bonne protection aux vents de secteur Sud Est, sinon c'était demi-tour pour trouver un abri sûr. Le lendemain matin, comme en Caraïbe la veille d'un ouragan, c'est la pétole, pas une ride sur l'eau et un lever de soleil à couper le souffle.
 

 
Finalement ce mara'amu ne sera pas aussi violent que celui de l'année dernière, 30 knts de vent à l'extérieur et à peine 15 knts ressentis pour nous qui sommes abrités derrière un énorme motu. Le temps est gris avec quelques grosses averses et orages de temps en temps mais cela ne nous empêchera pas de faire quelques promenades.
 
 
Aujourd'hui nous sommes le 20 mai et c'est l'anniversaire de Lenny, mais pour lui ce n'est pas cool du tout. Aucun copains (enfin de moins de 68 ans) avec qui jouer et surtout, aucun cadeau, il n'y a que des cocotiers à perte de vue. Le magasin le plus proche est à 270 milles c'est à dire à Tahiti. Mais Cécile lui remonte le moral avec son fondant au choco qui rendrait jaloux les plus grands pâtissiers.
 
 
Après le gâteau, nous partons prendre l'apéro à bord de Steel Band. Martine qui est artiste peintre et dessinatrice donne un cours de peinture aquarelle à Lenny et le résultat de cette première toile est plutôt réussi.
 

 
Pendant ce temps, après avoir refais les branchements de ses panneaux solaires, je donne quelques cours d'électricité et conseils de pêche à Pascal.
 
 
6 jours plus tard, le mara'amu touche à sa fin mais demain la météo prévoit pétole pendant plusieurs jours, alors pour ne pas rester coincé ici, nous décidons de partir pendant qu'il y a encore du vent. 30 knts c'est mieux que zéro. Et c'est ainsi que chacun reprend sa route, Steel Band vers Apataki pour mettre leur bateau à terre et Temptation vers Fakarava Sud, pour offrir un baptême de plongée à Lenny en guise de cadeau d'anniversaire. Nous arrivons par la passe nord et traversons le lagon de 30 milles à la voile avant d'arriver devant le club de plongée. Le cadre est paradisiaque et Lenny est aux anges, surtout qu'il connait déjà bien l'endroit.
 
 
De plus, quelques jours seulement après le déconfinement, il n'y a pas un bateau ni un client à l'horizon. Le nom de Lenny est le seul sur ce grand tableau blanc qui sert de planning au moniteur.
 
 
Ca y'est c'est l'heure, Lenny écoute attentivement le moniteur qui lui donne les consignes sur le déroulement de la plongée.
 
 
Ensuite c'est à mon tour de donner quelques conseils et surtout rassurer Lenny, papa et maman seront en apnée juste à coté de toi...au cas où.
 
 
C'est parti, Lenny se prépare et enfile son équipement, il est très détendu et se sent vraiment dans son élément.
 
 
Lenny et son moniteur s'enfonce jusqu'à une dizaine de mètres.


 
Comme aucun autre client n'attend sur le ponton l'heure de la prochaine plongée, le moniteur prolonge la sortie de 35 minutes à 1 heure. Lenny ne voit pas le temps passé et nous non plus d'ailleurs.
 
 
Après cette belle expérience, Lenny reçoit fièrement son certificat de baptême de plongée dans la très célèbre et mythique passe de Faka Sud, la passe Tumakohua.
 
 
Le lendemain matin nous repartons vers le nord de l'atoll pour faire quelques courses à la petite superette. Nous recevons un appel de nos amis de Steel Band qui ont mis leur bateau à terre à Apataki mais qui ne peuvent pas rejoindre Tahiti car il n'y a toujours pas de vols commerciaux. Nous leur proposons donc de passer les prendre. Nous quittons alors Fakarava et après une nuit de nav très calme, nous arrivons devant la passe d'Apataki à 6h du mat et récupérons nos deux bateaux stoppeurs.
 
 
Nous relevons immédiatement les voiles en direction de Tahiti mais quelque chose ne va pas. C'est la bosse du ris 1 qui est coincée entre la roulette et la joue de la poulie. Pascal tient le bateau face au vent pendant que je monte pour essayer de la décoincée et à force de tirer et de la secouer dans tous les sens, elle reprend brusquement sa place, mais en emportant un de mes doigt dans la poulie. Résultat, du sang partout sur le roof et le bout du doigt qui ne tient que par un petit bout de peau. Ci dessous une photo de la poulie (qui s'est recoincée quelques heures plus tard).
 
 
Malgré cette blessure, pas question de naviguer sans aucune ligne à l'eau, surtout que nous avons des invités. Quelques heures plus tard, ça mord. Un thon rélé d'environ 15 kg.
 
 
Après cette courte nav de 35 h depuis Apataki, nous faisons escale forcée de 2 jours à Tahiti pour déposer nos amis, faire quelques achats pour le bateau et essayer de sauver mon doigt. A notre arrivée nous retrouvons de très bons amis, Patrick et Marie sur leur super bateau de compet, un outremer 4X mais pas n'importe lequel, celui de la route du rhum. Il y a quasiment plus de carbone que de résine sur ce bateau.

 
Les retrouvailles se font à bord de Temptation autour d'un bon repas...de thon frais évidemment. C'est vrai que notre Lagoon n'est pas un bateau de course, mais au niveau "place" on est au top.
 

 
En ce qui concerne mon doigt, la chance est de mon coté car Patrick et Marie sont tous deux infirmiers. Et c'est ainsi que l'apéro prend des airs de salle d'opération. Il m'explique que c'est inutile d'aller à l'hopital car il est impossible de faire des points de suture à cause de la proximité avec l'ongle et aussi comment faire les pansements tous les 2 jours pendant 3 semaines minimum.
 
 
3 jours seulement se sont écoulés depuis notre départ de Fakarava et nous apprenons qu'un fort coup de vent de Sud y a eu lieu et a surprit plusieurs bateaux qui arrivaient tout juste des Marquises. Quelques uns d'entre entre eux, après s'être entre choqués ont réussi à manœuvrer et s'échapper à l'extérieur de l'atoll, d'autres n'ont pas eu cette chance. Ce malheureux évènement nous rappelle à tous, à quel point les changements de vent peuvent être brutaux et imprévisibles en Polynésie.
 


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