lundi 22 juin 2020

Polynésie, quand tu nous tiens !!!


Vous vous souvenez sûrement de ma publication sur Tahiti et Moorea (visible dans les archives du blog), ou j'expliquais que nous (les voiliers) n'étions pas les bienvenus. En voici un deuxième aperçu, mais cette fois, après le virus, illustré avec cette photo... qui en dit long.






Sachez que pendant la crise du Corona virus, beaucoup de bateaux ont été salement mis à la porte (pour rester poli) des iles des Marquises avec obligation de la DPAM (AFFMAR) de rejoinre l'ile de Tahiti. Résultat, les 2 marinas encombrées, et pas 1 m² disponible pour poser son ancre. La population des voileux  (comme ils nous appellent) devient encore une fois la cible principale de la population locale et l'étiquette du corona virus est alors colée sur nos fronts. Les gens ont peur de nous et surtout ne veulent pas de nous chez eux et le message est très clair. Pour rappel, le virus est arrivé en Polynésie par avion et non par la mer et en plus par Madame la député de Tahiti en personne.
Vous avez tous vu notre dernière publication sur notre confinement aux Tuamotu, voici comment cela s'est réelement passé. Nous arrivions des Marquises avec les frigos pleins de poisson et apprenons quelques jours plus tard que nous avons interdiction de sortir de l'atoll. Jusque là, rien à signaler, tout va bien. Mais après 1 mois sans pouvoir faire le moindre achat, nos frigos et nos placards ressemblent à ceux d'un bateau neuf sorti d'usine, c'est à dire vide. La situation peut devenir délicate si le confinement dure pus longtemps. Mais à ce moment là, nous ne savions pas que ça allait durer encore 1 mois. Nous commençons alors à envoyer des emails à la DPAM, seul organisme ayant le pouvoir de nous donner une dérogation de sortie pour aller faire de courses à Makémo, l'atoll le plus proche (60 milles). Sachez qu'à Raroia, il y à une petite superette que certains voileux aiment appeler "Carrefour" mais qui n'est en fait pas plus grande que notre dinghy et surtout qui n'accepte pas de carte de crédit tout simplement car il n'y a pas d'internet. Pas besoin de vous dire que "légumes, fruits ,produits frais et internet" sont des mots qui n'existent pas sur cet atoll. Nous reçevons une réponse de la Dpam quelques jours plus tard pour nous informer qu'ils peuvent nous faire une dérogation mais que de toute façon la secrétaire de Makémo, mme Corinne Levy (anti voileux) ne voudra pas nous accueillir et pour motif, je la cite " si ils ne peuvent pas payer par carte, c'est simplement parce qu'ils n'ont pas d'argent sur leurs comptes" (en parlant de nous). Pour rappel, en France et dans tous les toutes les iles françaises, la seule raison valable de sortie était pour s'approvisionner. Je renvoie donc des emails un peu partout en insistant jusqu'au Haut Commisaire et reçois une réponse de la directrice de la Dpam qui me rappelle qu'en Polynésie ce n'est pas "vraiment" la France et que chaque maire fait ce qu'il veut. Nous n'avions alors pas d'autres choix que d'aller ramasser des maoas (coquillages) et de rationner, diviser et rediviser les queques grains de riz qui nous restaient en espérant la levée du confinement (bien évidemment tout ça ne se voit pas à travers les photos d'un blog). Nous apprendrons bien après, que beaucoup de bateaux étaient dans le même cas et que plus d'une centaine de plaintes ont été déposées pour "non assistance à personne en danger" et "abus de pouvoir".
Il y a eu ensuite, LE DECONFINEMENT et voici l'accueil que chaque bateau à eu droit en Polynésie ces dernières semaines. Les gens nous regardent comme si nous sommes des chiens galeux et leur premiers mots en s'adressant à nous c'est "vous arrivez d'ou?" avec un ton plutôt agressif. 

Voici comment s'est passé notre arrivée à Tahiti:

Cécile me dépose en dinghy sur un petit ponton et à peine accostés, nous nous faisons insulter de tous les noms, de sales "français", modits voileux, retournez d'ou vous venez, bref la totale. C'est à ce moment là que mon calme est ma patience légendaire de 0,1 seconde à pris la relève. J'ai commencé en lui demandant de bien se regarder dans un miroir (car tous les polynésiens ont une tête de chinois et celui ci en particulier), alors si quelqu'un devait rentrer chez lui, ce serait lui le premier. Ensuite je lui ai rappelé que toute la polynésie SANS EXCEPTION, croulait sous les aides et subventions de la France, que ce soit bateaux de pêche, maison préfabriquées, pick up Toyota HILUX double cabines, pirogues à balancier, culture de coprha (coco), vols et hébergements pour les enfants qui partent faire des études en France, dédommagement colossal à chaque famille pour les essais nuclaire de 1966 et tenez vous bien, pour ce dernier cas " dédommagement A VIE"... je pourrai continuer comme ça jusqu'en bas de la page. Autre chose aussi, quand on va faire des courses en grande surface, les voileux sortent avec des caddies pleins à craquer, pendant que les polynésiens sortent avec une bagette de pain et un fromage babybel. Alors on peut facilement se poser la question suivante. Si les "sales français" arrêtaient de faire le tour du monde pour visiter leurs îles pourries par leur propre racisme et que la "maudite France" arrêtait de leur donner des subventions dans tous les sens, que deviendrait il de tous ces fégnants de polynésiens qui ne savent même pas aligner 2 mots de français et à part bronzer dans leur pirogue, passent leur journée à jouer du ukulélé sous un cocotier en méprisant tous les français qui passent devant eux ??? Alors quand on voit écrit dans les magasines "CE QUI VOUS MANQUERA LE PLUS, CE N'EST PAS LES PAYSAGES MAIS L'ACCEUIL ET L'HOSPITALITE DES POLYNESIENS", désolé de vous dire ça mais c'est un énorme mensonge. Peut être était-ce vrai il y a 30 ans, mais dans ce cas, il faudrait remettre à jour certaines informations. Tout cela sans même vous parler de la misère qui faite rage, des dizaines de clochards étalés devant la sortie des grandes surfaces, des détritus qui s'entassent le long des routes, des meutes de chiens érrants, des pêcheurs qui vendent du poisson sans glace, posé à même le troitoir en plein soleil où encore ces femmes qui viennent à couple de notre bateau pour essayer de nous vendre les fameuses "langoustes" qui ont à peine la taille d'une grosse crevette...n'est ce pas là le décor d'un pays défavorisé?? Malheureusement pour nous, les frontières vers les autres pays ne sont toujours pas ouvertes, nous sommes donc pris au piège dans ce que certains appellent "le paradis sur terre". Encore une fois, je vous rappelle que j'essaie de mettre que le meilleur sur le blog mais je dois aussi vous dire la vérité telle qu'elle est. Sachez une chose, en Polynésie "française" dans les iles de la Société plus particulièrement, il n'y a que les aides qui sont françaises, pour tout le retse, ils ne veulent pas entendre parler de la France et encore moins des français. Quand je pense à nos prochaines escales: Huahine, Raiatéa, Tahaa, Bora Bora, Maupiti et Maupihaa, et toutes ces personnes rencontrées qui y ont déja fait escale et nous ont raconté leur séjour, j'ai presque envie de retraverser le Pacifique à l'envers pour rentrer en Caraibes. Mais encore une fois, nous sommes beaucoup de bateaux dans la même galère et c'est grâce à eux que nous surmontons cette épreuve en se retrouvant un jour sur un Lagoon, un coup sur un Ovni, un soir sur un Bélize... Merci à vous "les voileux" du tour du monde.
Vous trouverez ci dessous quelques liens qui vous enlèveront de la tête cette image de "Paradis" que l'on nous fait croire depuis des années.

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/association-voiliers-polynesie-s-insurge-denonce-cabale-dont-serait-victimes-plaisanciers-836302.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/tahiti/eaux-baignade-qualite-qui-laisse-desirer-574695.html

https://www.tahiti-infos.com/tags/VIOLENCES

https://www.tahiti-infos.com/L-assainissement-a-Tahiti-est-encore-quasiment-inexistant_a147512.html

https://www.geo.fr/voyage/la-polynesie-est-elle-au-rendez-vous-du-mythe-169578

https://www.tahiti-infos.com/Nous-ne-sommes-plus-dans-la-pauvrete-mais-dans-la-misere_a165608.html

http://www.slate.fr/story/75468/alcoolisme-tabagisme-obesite-tahiti

vendredi 12 juin 2020

Déconfinement, mara'amu et 10 ans de Lenny


Ca y'est, c'est le grand jour. Plus de 2 mois que nous l'attendons, ça fait presque bizarre de se dire que c'est aujourd'hui. Nous quittons enfin l'atoll de Raroia en direction de..... de où déjà ??? On ne sait même plus où on allait depuis tout ce temps. Ah oui Kauehi !!! Les voiles sont réglées, le vent ne dépasse pas 14 knts, j'appuie sur "pilot auto" le temps de mettre les lignes à l'eau et c'est parti pour 155 milles. Ci dessous une petite carte des Tuamotu pour vous situer.


Nous arrivons tôt le matin et traversons la passe de Kauehi à la voile. A l'intérieur, nos amis Pascal et Martine de "Steel Band" nous attendent pour nous guider. En effet il est impossible et déconseiller de naviguer à l'intérieur des atolls face au soleil, mais nous les suivons à la trace car eux, ont passés leur confinement ici et ont leurs tracés enregistrés.
 


A peine ancrés, nous téléchargeons un nouveau grib météo et voyons qu'un mara'amu est prévu pour le lendemain en milieu de journée et pendant une semaine. Heureusement cet atoll offre une très bonne protection aux vents de secteur Sud Est, sinon c'était demi-tour pour trouver un abri sûr. Le lendemain matin, comme en Caraïbe la veille d'un ouragan, c'est la pétole, pas une ride sur l'eau et un lever de soleil à couper le souffle.
 

 
Finalement ce mara'amu ne sera pas aussi violent que celui de l'année dernière, 30 knts de vent à l'extérieur et à peine 15 knts ressentis pour nous qui sommes abrités derrière un énorme motu. Le temps est gris avec quelques grosses averses et orages de temps en temps mais cela ne nous empêchera pas de faire quelques promenades.
 
 
Aujourd'hui nous sommes le 20 mai et c'est l'anniversaire de Lenny, mais pour lui ce n'est pas cool du tout. Aucun copains (enfin de moins de 68 ans) avec qui jouer et surtout, aucun cadeau, il n'y a que des cocotiers à perte de vue. Le magasin le plus proche est à 270 milles c'est à dire à Tahiti. Mais Cécile lui remonte le moral avec son fondant au choco qui rendrait jaloux les plus grands pâtissiers.
 
 
Après le gâteau, nous partons prendre l'apéro à bord de Steel Band. Martine qui est artiste peintre et dessinatrice donne un cours de peinture aquarelle à Lenny et le résultat de cette première toile est plutôt réussi.
 

 
Pendant ce temps, après avoir refais les branchements de ses panneaux solaires, je donne quelques cours d'électricité et conseils de pêche à Pascal.
 
 
6 jours plus tard, le mara'amu touche à sa fin mais demain la météo prévoit pétole pendant plusieurs jours, alors pour ne pas rester coincé ici, nous décidons de partir pendant qu'il y a encore du vent. 30 knts c'est mieux que zéro. Et c'est ainsi que chacun reprend sa route, Steel Band vers Apataki pour mettre leur bateau à terre et Temptation vers Fakarava Sud, pour offrir un baptême de plongée à Lenny en guise de cadeau d'anniversaire. Nous arrivons par la passe nord et traversons le lagon de 30 milles à la voile avant d'arriver devant le club de plongée. Le cadre est paradisiaque et Lenny est aux anges, surtout qu'il connait déjà bien l'endroit.
 
 
De plus, quelques jours seulement après le déconfinement, il n'y a pas un bateau ni un client à l'horizon. Le nom de Lenny est le seul sur ce grand tableau blanc qui sert de planning au moniteur.
 
 
Ca y'est c'est l'heure, Lenny écoute attentivement le moniteur qui lui donne les consignes sur le déroulement de la plongée.
 
 
Ensuite c'est à mon tour de donner quelques conseils et surtout rassurer Lenny, papa et maman seront en apnée juste à coté de toi...au cas où.
 
 
C'est parti, Lenny se prépare et enfile son équipement, il est très détendu et se sent vraiment dans son élément.
 
 
Lenny et son moniteur s'enfonce jusqu'à une dizaine de mètres.


 
Comme aucun autre client n'attend sur le ponton l'heure de la prochaine plongée, le moniteur prolonge la sortie de 35 minutes à 1 heure. Lenny ne voit pas le temps passé et nous non plus d'ailleurs.
 
 
Après cette belle expérience, Lenny reçoit fièrement son certificat de baptême de plongée dans la très célèbre et mythique passe de Faka Sud, la passe Tumakohua.
 
 
Le lendemain matin nous repartons vers le nord de l'atoll pour faire quelques courses à la petite superette. Nous recevons un appel de nos amis de Steel Band qui ont mis leur bateau à terre à Apataki mais qui ne peuvent pas rejoindre Tahiti car il n'y a toujours pas de vols commerciaux. Nous leur proposons donc de passer les prendre. Nous quittons alors Fakarava et après une nuit de nav très calme, nous arrivons devant la passe d'Apataki à 6h du mat et récupérons nos deux bateaux stoppeurs.
 
 
Nous relevons immédiatement les voiles en direction de Tahiti mais quelque chose ne va pas. C'est la bosse du ris 1 qui est coincée entre la roulette et la joue de la poulie. Pascal tient le bateau face au vent pendant que je monte pour essayer de la décoincée et à force de tirer et de la secouer dans tous les sens, elle reprend brusquement sa place, mais en emportant un de mes doigt dans la poulie. Résultat, du sang partout sur le roof et le bout du doigt qui ne tient que par un petit bout de peau. Ci dessous une photo de la poulie (qui s'est recoincée quelques heures plus tard).
 
 
Malgré cette blessure, pas question de naviguer sans aucune ligne à l'eau, surtout que nous avons des invités. Quelques heures plus tard, ça mord. Un thon rélé d'environ 15 kg.
 
 
Après cette courte nav de 35 h depuis Apataki, nous faisons escale forcée de 2 jours à Tahiti pour déposer nos amis, faire quelques achats pour le bateau et essayer de sauver mon doigt. A notre arrivée nous retrouvons de très bons amis, Patrick et Marie sur leur super bateau de compet, un outremer 4X mais pas n'importe lequel, celui de la route du rhum. Il y a quasiment plus de carbone que de résine sur ce bateau.

 
Les retrouvailles se font à bord de Temptation autour d'un bon repas...de thon frais évidemment. C'est vrai que notre Lagoon n'est pas un bateau de course, mais au niveau "place" on est au top.
 

 
En ce qui concerne mon doigt, la chance est de mon coté car Patrick et Marie sont tous deux infirmiers. Et c'est ainsi que l'apéro prend des airs de salle d'opération. Il m'explique que c'est inutile d'aller à l'hopital car il est impossible de faire des points de suture à cause de la proximité avec l'ongle et aussi comment faire les pansements tous les 2 jours pendant 3 semaines minimum.
 
 
3 jours seulement se sont écoulés depuis notre départ de Fakarava et nous apprenons qu'un fort coup de vent de Sud y a eu lieu et a surprit plusieurs bateaux qui arrivaient tout juste des Marquises. Quelques uns d'entre entre eux, après s'être entre choqués ont réussi à manœuvrer et s'échapper à l'extérieur de l'atoll, d'autres n'ont pas eu cette chance. Ce malheureux évènement nous rappelle à tous, à quel point les changements de vent peuvent être brutaux et imprévisibles en Polynésie.